Mon dernier article date de juillet 2021, après mon retour en France depuis le Kraken. J’y racontai l’aventure Wings depuis août 2020 jusqu’à mon arrivée à Marseille début avril 2021.
Si tu as raté ces épisodes, ô combien passionnants :

Avril et mai 2021

Que s’est-il passé depuis mon arrivée à Marseille du coup ?

J’ai habité chez les copines Jessica et Mathilde, en avril et mai, en prenant mes marques avec mon taf. Soutiens précieux qui m’ont permis de retrouver Marseille (où j’avais habité un an et demi entre 2014 et 2016) et de m’y attacher ❤️

Je fais sans cesse des allers-retours à l’Étang de Berre où une mission de l’asso a démarré début avril, abritant en permanence 15 à 20 bénévoles. Je retrouve quelques anciens : Anlore, Fred, Gaétan…

Pour ceux qui connaissent pas, l’étang est en fait le deuxième plus grand lac salé d’Europe. On parle pas de la mare aux canards de tata Gertrude !

Le taf est dense : il faut monter un calendrier de publication assez varié pour notre audience, trouver comment susciter l’intérêt autour de l’écologie et de nos actions, faire des recherches prenantes sur les articles de fond (opération Heneiken, je pense à toi, mais pas que !) encadrer les photographes et vidéastes de trois projets différents (qui ont eu des recrutements et aussi des fonctionnements bien différents), gérer les très nombreuses sollicitations du groupe SOS (que l’asso intègre en avril), appréhender la presse et ses codes, etc.

Usual business mais charge de travail correspondant à deux personnes.

Je suis néanmoins super motivée en arrivant dans le sud. J’avais envie de dire « néanmoins » Kestuvafère ?
Fin avril, comme souvent après ça, je passe deux jours avec les bénévoles de l’étang de Berre, je dors sur le St Amour et sa banquette qui sent le chien mouillé (meilleur spot quand on a une couette).

Avec Kévin, un des marins bénévoles, on regarde ce documentaire d’Hugo Clément.

C’est Kev’. Il est content.
Salut mec, si tu passes par là !
Photo : Ludivine

Dans ce docu, on voit un bout de mare, près de l’étang de Berre, qui est littéralement couvert de bouts de polystyrène, dans lequel nagent des canards et bondissent quelques grenouilles.

L’émotion de Kevin le lendemain, en allant voir sur place cette mare dégueulasse, nous sert de booster : on remue la moitié du département et on monte tous les deux la dépol’ de la « mare de poly-poly », comme l’appelleront par la suite les bénévoles 😀 et qui aura lieu deux semaines après.

Une belle action pour les êtres vivants de cette mare.

Juin 2021

Entre début juin et fin août, je trouve une sous-location dans un immense appartement à Belsunce, méga confortable et une chambre de 25m² au soleil.

J’ai kiffé me poser trois mois de suite, avec Victor et Priss, deux colocs en or qui m’ont trop bien accueillie.

C'est ma chambre de princesse 😛

Je rentre 2 jours sur Lyon me faire tatouer le crâne mi-juin, par Marak la rouge.

La genèse de cette plume de paon derrière mon oreille :

Mars 2021 : Quelques jours de douceur à Carthagène, de calme au milieu de l’agitation du bateau et des préparatifs du départ.
Apaiser le tourbillon de mon cerveau pour un instant. On entend les paons qui crient « Léoooooon » toute la journée.

Océan Atlantique, 17 mars 2021, Beaufort 7 : on a quitté Gibraltar depuis deux jours.Les coéquipiers rigolent, engoncés dans des vestes de quarts et des bonnets.
Les vagues sont incroyables 🖤
Je sens le vent et l’iode.
Une joie sauvage : demain n’existe pas, il n’y a rien d’autre que l’eau à perte de vue. Je me sens incroyablement libre.

La nuit suivante, je me réveille et j’ai cette image très graphique de cette plume dans la tête, que je dessine vite fait sur l’arrière d’un carnet de croquis, à la lumière de ma frontale, avant de me rendormir, bercée par la houle.

Ce sont ces deux souvenirs que j’ai fait figer #parcequec’estpourtoujoursquandmême

Post tattoo

Sur Marseille, l’ambiance de la coloc’ est joyeuse et détendue : du monde souvent, de la bouffe, du soleil, de la bonne humeur…

L’été s’écoule. Je décale mes plages de travail pour profiter du soleil de l’aprèm (et bosser jusqu’à 22 ou 23h en contrepartie 🙄 j’arrive pas à lâcher, je sais. Mais tant de trucs à faire) et faire mes réunions téléphoniques depuis… la plage 🥰

Je vais souvent aux Catalans, plage de sable près du centre. Isolée dans un bouquin, dans la gestion RS de l’asso ou dans une réunion, je m’y coupe de la foule environnante.

Le soleil me fait beaucoup de bien.

Corne cassée, retour sur Marseille avec Boud'mer 🙁

Je ne sais pas si je suis plus sensible que d’autres à la lumière, mais depuis cet été et cette haute dose de lumière propre au sud, je souris bêtement quand je sens la chaleur de l’astre solaire réchauffer ma peau.

L’impression d’une énergie en plus, d’un afflux de douceur et de chaleur.
Ou alors, je suis juste accro à la vitamine D, comme mon pote Mat’ me l’a suggéré 😀

Le 23 juin, ma sœur se marie.
Le 15 août, c’est mon frère 😀

Deux mariages en mini comités, bien sympathiques ❤️

Août 2021

Le 18 août, le Kraken rentre en France après plus d’un mois et demi d’immobilisation aux Canaries pour diverses raisons.
Je ne peux pas dire mon impatience et ma joie de les savoir de retour ! On les a attendu longtemps, c’était mauvaise nouvelle sur mauvaise nouvelle.
J’ai sursauté tout l’été quand notre capi ou Julien m’appelait. Crainte d’avoir la news de trop qui les immobiliserait une semaine supplémentaire. Je sentais bien que le moral des troupes se délitait.
Enfin un message de Léo quand ils ont eu le feu vert pour partir : la belle journée ❤️

Arrivée du voilier sur Marseille donc. L’équipage a changé, les anciens sont épuisés (je ne connais que cinq membres d’équipage sur une trentaine quand le bateau accoste), le moral de la team est descendu en flèche pendant cette mission.

On est tous hyper heureux qu’ils soient rentrés, on fête ça comme il se doit sur l’île du Frioul où le bateau reste amarré une dizaine de jours.

Il se passe mille choses entre l’arrivée du bateau et fin août. J’ai pas assez de mots pour raconter le soulagement de voir rentrer l’équipage et la joie de les savoir pas loin !

Septembre 2021

Je déménage sur le Kraken amarré à Marseille, pour tout le mois de septembre.

Départ de l'appart : tout doit tenir dans 2 sacs à dos !

Je suis ravie de retrouver l’équipage que je connais déjà et rencontrer les nouveaux arrivants !

Début septembre, je me prends une gigantesque claque, professionnelle et amicale, dont je ne souhaite pas parler ici.
Ceux qui savent savent.

Sauf qu’on est en pleine semaine événementielle sur le voilier, au beau milieu du Vieux-Port. C’est le Congrès Mondial pour la Nature et toute une série de visites sont programmées.
Il faut avancer et bosser sans avoir le temps de débriefer ça, au milieu de dix jours de folie, un bateau plein à craquer H24, des gens partout… et zéro vacances ou jours de weekend depuis début mars. Soit 7 mois.

La grosse envie de repos

Je perds confiance en mes capacités de travail, en moi, en mes capacités tout court. Mode carapace « on« , je me coupe de tout ce qui peut me faire de la peine.
Les potes sont nombreux à me ramasser à la petite cuiller (MERCI. Je vous ferais des colliers de coquillettes).

Mois de septembre à courir partout : Bordeaux, Valras puis Cannes en quelques jours.

Cannes où j’arrive après 9h de bus depuis Valras-Plage, je saute sur le Kraken, me change et pars directement à la soirée partenaires prévue.
J’ai pas mangé, je ne suis pas douchée, j’ai eu le temps de discuter avec personne.

A peine le temps d’une bise aux potes Eliott et Loïc, que je ne croiserais que 3 minutes. La dernière fois de l’année.
On doit regagner le voilier avant minuit pour partir directement : un grain est annoncé.
Léo vient nous chercher en annexe, il est pressé, les vagues sont denses. C’est la course et c’est une journée de merde.
Seule consolation : en arrivant tout le monde est sur le pont, on a enfilé vestes de quart et VFI (gilets de sécurité) et une nuit de navigation s’annonce.

Durant tout l’été, bains de foule, presse, people, partenaires et télé se sont succédé.

Fr3 à l'Etang de Berre
Martin Weill se balade

Octobre 2021

Le Kraken fini sa saison et va s’amarrer fin octobre à Port St Louis du Rhône pour le chantier annuel.

Derniers bleus sur le voilier
Et dernier coucher de soleil

Je passe octobre avec les bénévoles de l’étang de Berre, ça se passe au top. Tout le monde est adorable, le projet se fini dans la bonne humeur et les liens se tissent entre moi et cette petite communauté de zinzins. Je reprends le dessin et l’écriture.
Temps calme.

La team d’Yggdrasil est souvent là : les copain.ine.s, anciens bénévoles du Kraken (avec sœur et conjoint) se sont lancés dans le frêt à la voile et visent la Corse pour leur premier chargement.
Si vous voulez découvrir leurs aventures en vidéo, n’hésitez pas !

J’adopte une veste de quart, je dors dedans, elle devient mon amie, elle me fait griller des marshmallows.

Fin octobre 2021

Burn out express, dont je tente de parler (difficile quand on essaie d’expliquer ça aux personnes qui nous ont blessés) mais qui n’est pas écouté.
Deuxième claque.
Je passe deux jours dans mon lit en KO technique. Mon cerveau switche, il se concentre sur la suite. Compartimenter pour continuer à fonctionner.

Je bosse sur le chantier du Largade, sur mes jours de weekend, avec la petite antenne de l’AJD de Marseille. Ça me fait trop de bien de rencontrer plein de gens, de m’investir dans autre chose et de travailler de mes mains.

Je quitte Marseille le 8 novembre après ces travaux, après deux semaines chez ma pote Laure qui était partie bosser à Majorque et avait eu la gentillesse de me prêter sa chambre dans sa coloc’.

Les basilics chatoyants chez Laure
Epices chez Saladin. Marseille centre.

Novembre 2021

Je passe par chez mes parents prendre des fringues d’hiver, puis je file en Normandie dans la maison de mon père, pas loin du Havre.

Fin novembre, je prends mes deux premières semaines de vacances depuis 9 mois et j’essaie de dormir. Je me décolore les cheveux et j’adore.
Ça fait du bien au moral.

Ça change einh ? 😛

Je passe une bonne partie de novembre, décembre et de ce mois de janvier en Normandie, au calme, seule. Je bosse en télétravail, c’est pas mal.

Etretat
Mes pieds, t'as vu ?!
Le Havre

3 jours avant Noël, je signe une rupture conventionnelle. On est nettement d’accord des deux côtés que c’est fini.

Sur cette fin de contrat, pas grand chose à dire. Je souris poliment le mois qui reste et je fais une bonne passation de poste.

La meilleure team. Déc. 2020 sur le Kraken. Photo par Floriane

J’ai été incroyablement fière de mon poste, fait pour moi, qui m’a collé à la peau un bon moment. Je m’y suis amusée comme jamais, c’était grisant, prenant et parfait.
Ce poste dans lequel je me suis énormément investie, j’y ai passé beaucoup d’heures, parfois au détriment de mes amis et de ma famille. Et de moi-même.
Mais je crois que c’était ce que j’avais à faire à ce moment-là.

J’ai beaucoup d’émotion en écrivant ces mots, c’est le deuil d’un chemin qui ne me correspond plus, d’une façon de travailler en laquelle j’ai crû et qui n’existe pas.

La com’ n’a aujourd’hui plus de sens pour moi, j’en suis dégoûtée. Le retour sur investissement de cette dernière année n’est clairement pas là.

Alors fini la com’, fini de faire les stories du taf depuis les gogues parce que j’ai pas le temps de les faire autrement, fini les réveils en sursaut à 5h30 et checker si tout se passe bien sur les réseaux sociaux et si tel truc s’est bien publié. Fini de s’assurer que tout le monde soit content. Ce paragraphe, c’est littéralement mes 6 premiers mois de contrat, à 50h/semaine.

Fini les appels à pas d’heure. Finie la perte de sens de rester enfermée devant mon ordi 8h par jour. Fini les notifications incessantes, les gens qui sont perdus sur facebook…

Alors voilà. Pour ceux qui ne le savaient pas, je quitte l’association Wings of the Ocean aujourd’hui, d’un commun accord, après 1 an et demi.

On se retrouve dans deux jours, pour vous raconter la suite 😉

Dernier jour, bateau vide, les copains sont partis. C'est la fin de l'été.